L'environnement du Lac Léman

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Texte sous La Licence GFDL Jean Peaudecerf - © 2001 CSSG - © 2009 CPPLO

Ce texte fait partie d'un cours de plongée donné aux élèves plongeurs P2 CMAS du Centre de Sports Sous-Marins Genève (CSSG). Le texte a été mis à disposition sur le site du Club de Plongée de Plan-les Ouates (CPPLO) par l'auteur pour un usage strictement privé ou personnel.Toute reproduction totale ou partielle de ce texte à des fins commerciales ou à des fins de publication de toute nature est soumise à la La Licence GFDL et doit être signalée à l'auteur : jpeaudecerf@plongeplo.ch

Voir aussi du même auteur la page:  Les Poissons du Leman


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PREAMBULE

Ce cours s’adresse aux plongeurs qui veulent connaître les espèces qu’ils rencontrent au cours de leurs plongées et adopter un comportement adéquat vis-à-vis des habitants des lieux visités. Il va également permettre de se rendre compte à quel point le milieu aquatique est complexe et fragile.


LE BIOTOPE

Le biotope, est un ensemble où il y a une chaine alimentaire qui va depuis les végétaux (algues, phytoplancton) et les micro-organismes vers les animaux brouteurs (zooplancton, poissons, crustacés, gastéropodes,…), filtreurs (anodontes*,…) et se termine avec les prédateurs (poissons, oiseaux, homme).Les biotopes sont de dimension variable; ils se côtoient, s’interpénètrent voire se déplacent, se réduisent et même disparaissent en fonction de la saison, ou d’autres influences extérieures (pollution, constructions,…). Un port ou un herbier peuvent représenter un biotope. Voici les zones principales :

La zone benthique

C’est tout le fond du lac, depuis la ligne de contact avec la terre jusqu’au fond. Elle se subdivise en trois zones :  La zone littorale, comme son nom l’indique, se trouve directement contre les rives à faible profondeur (jusqu’à 6m).  Le mont, c’est la rupture de pente, il s’agit de la zone intermédiaire entre la zone littorale et les grands fonds.  Les grands fonds, zone de profondeur à faible pente, souvent constituée de sédiments fins.La zone pélagique :Ce sont les eaux libres qui ne touchent pas le fond, elle sont par conséquent au-dessus de toutes les autres zones.Description des zones :

La zone littorale

La zone littorale se trouve dans la partie peu profonde ceinturant le lac. Elle commence au niveau de la ligne de contact entre l’eau et la terre.

Cette zone se caractérise par la présence de grands herbiers (macrophytes), et à certains endroits des plantes aquatiques émergentes, les roselières (roseaux, massettes,…). Celle-ci est le point de départ de la chaine alimentaire avec les micro-organismes; elle sert de refuge aux jeunes poissons, et de terrain de chasse pour certains chasseurs à l’affût. Sa profondeur ne dépasse guère les 6 ou 7m, la photosynthèse devenant difficile en dessous.

On y rencontre la plus grande partie de la faune aquatique. C’est là que se déroule la plus grande partie du cycle de la vie, on y trouve tout les types d’animaux. Les larves d’insectes, les crustacés (écrevisses,...), les vers, les mollusques : gastéropodes (limnées,...), et bivalves (anodontes*,...) et les poissons (carpes, tanches, vengerons,...), qui servent à leur tour de nourriture aux prédateurs (écrevisses, perches, brochets,...).

La zone littorale tend à s’appauvrir en hiver en raison de la disparition des herbiers.Cette zone littorale représente 31 des 582km2 de la surface du lac Léman soit 5,3%.

Le mont

Il s’agit d’une zone de forte pente ou la végétation est généralement absente, on y trouve les bactéries, les vers et les crustacés de la zone benthique, et quelques poissons qui se nourrissent de ces organismes.

Les grands fonds

C’est une zone peu productive en raison de l’absence de lumière et de la température basse qui la caractérise. Les bactéries sont aussi ici avec les débris, et les vers (tubifex) le point de départ de la chaine alimentaire. On y trouve les poissons se nourrissant de ces micro-organismes (ombles chevaliers,...) et les prédateurs (truites,...).

La zone pélagique

Il s’agit de la zone du large, c’est là que se développent essentiellement le phyto et zooplancton. Le phytoplancton sert de nourriture de base au zooplancton qui est ensuite mangé par les poissons (corégones,...) ; ces derniers sont ensuite chassés par les prédateurs (perches, truites, canards, oiseaux,...).Certains poissons passent soit journellement soit saisonnièrement d’une zone à l’autre.

Le Léman subit en permanence une pluie de spores, champignons, bactéries et micro-organismes véhiculés par l’atmosphère, qui peuvent sédimenter jusqu’au fond; cela représente environ 2 tonnes par an.

84% de la masse piscicole vit entre 0 et 100m et 5% entre 200 et 300m.


FLUCTUATIONS DE LA TRANSPARENCE DE L’EAU

Brassage

En été,

le soleil réchauffe les couches superficielles du lac où il apparait une stratification des eaux. A un certain niveau, la température se modifie peu avec la profondeur, formant une barrière empêchant le mélange des eaux, cette frontière (environ 4°) s’appelle la thermocline.

En hiver,

le lac se refroidit pour arriver vers février-mars à une homogénéité de température dans toute la colonne d’eau. A ce moment, si les eaux de surface sont assez refroidies (bise), elles peuvent plonger (chargées en oxygène) jusqu’au fond. On dit qu’il y a brassage.

Cycle de la clarté de l’eau

En hiver,

avec le brassage, les cellules de phytoplancton vivent une bonne partie de leur temps dans les couches profondes, à l’abri de la lumière et de la chaleur, ce qui inhibe la division cellulaire et empêche leur développement. L’eau est alors très limpide.


Au printemps,

la couche de brassage diminue par le haut; le phytoplancton, bloqué par la thermocline, peu profonde au début du printemps, passe beaucoup plus de temps à la lumière et à la chaleur. On assiste alors à une explosion de la croissance du phytoplancton. La visibilité peut parfois tomber à moins de 20cm.


A la fin du printemps et en été,

dans la couche réchauffée; le phytoplancton finit par épuiser le stock de nitrates dont il a besoin pour se développer, ce qui limite sa multiplication. De plus, brouté par le zooplancton, il disparait peu à peu. On assiste souvent, au mois de juin à une période de clarté exceptionnelle appelée "juniloch".


En automne,

sous l’effet du refroidissement des eaux de surface, la thermocline tend à être moins marquée et le phytoplancton peut aller se réapprovisionner en nitrates dans les couches plus profondes, qui se mélangent avec celles du dessus; on assiste alors à une deuxième floraison de phytoplancton. Ce dernier finira par disparaitre l’hiver, soit brouté, soit parce qu’il meurt, quelques cellules survivent et permettent le redémarrage au printemps suivant. La transparence de l’eau est assez variable dans cette période.


Ce cycle de clarté peut être perturbé localement par l’apport d’eau turbide des rivières, ou par le brassage du fond par les vagues dans la zone littorale. Une forte bise peut remettre en suspension des sédiments qui rendent trouble la quasi-totalité des eaux du Petit Lac.


GENERALITES SUR LE LEMAN

Le Léman est le plus grand lac d’Europe occidentale avec une surface de 582km2 et un volume de 89km3. Sa profondeur maximale est de 309,70m et sa profondeur moyenne, 150m. Le Petit Lac représente 3% de la masse totale. Le volume entrant et sortant annuellement est de 1km3, le temps moyen de renouvèlement des eaux est de 12 ans, les eaux profondes ayant tendance à stagner jusqu’à 20 ans.


CONCLUSION

Le lac est un milieu à l’équilibre fragile qui demande à chacun une attention de tous les instants dans son comportement avec lui. Le moindre déséquilibre a des conséquences, par réaction en chaine, qui peuvent aller fort loin.

* moules d’eau douce


Remerciements

A Anne-Marie DUMONAL , Service du lac et des cours d’eau (Département de l’intérieur, de l’agriculture, de l’environnement et de l’énergie, du canton de Genève), qui a bien voulu relire ce cours et y apporter quelques corrections.


Bibliographie

  • F.-A. FOREL, Monographie sur le Léman, Slatkine Genève, 1969
  • P. GUICHONNET, Le guide du Léman, La manufacture, 1988
  • J.-M. JAQUET, Sauvons le Léman, Association pour la sauvegarde du Léman, 1985
  • Ligue suisse pour la protection de la nature, Les écrevisses de Suisse, 1994
  • J.-F. MINSTER, Les océans collection Dominos, Flammarion, 1994
  • K. PECL, Les poissons d’eau douce, Solar, 1983
  • J.-C. PEDROLI, B. ZAUG, A.KICHHOFER, Atlas de distribution des poissons et cyclotosmes de Suisse, Centre suisse de cartographie de la faune, 1991
  • A. WHEELER, Poissons d’eau douce, Gründ, 1991
  • D. MASSON. Les poissons du Léman, Slatkine Genève 1989


Voir aussi du même auteur la page Les Poissons du Leman


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