Différences entre les versions de « La Santé du Léman par Marc Bernard »

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Le mercredi 5 décembre 2007 au local de PlongePlo à Plan-les-Ouates
Le mercredi 5 décembre 2007 au local de PlongePlo à Plan-les-Ouates


''Organisatrice'' : '''Chantal Wiaux-Zamar'''
''Intervenant'' :    '''M. Marc Bernard'''  (Service de Protection de l’Environnement - Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman)
 
''Intervenant'' :    '''M. Marc Bernard''' [http://www.plongeplo.ch/documents/CV_MarcBernard2007 CV]
  (Service de Protection de l’Environnement-  
  Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman)
 
Présentation de Marc Bernard: [http://www.plongeplo.ch/documents/sante_leman_marc_bernard_2007.pdf]


''Présentation de Marc Bernard'': [http://www.plongeplo.ch/documents/sante_leman_marc_bernard_2007.pdf Fichier PDF]


''Organisatrice'' : '''Chantal Wiaux-Zamar'''
Ce soir-là, Chantal avait bien fait les choses: la petite salle de réunion de PlongePlo était toute remplie d’oreilles attentives et M. Marc Bernard, Limnologue, venu tout spécialement du Valais, se réjouissait de nous faire un bilan de santé exhaustif de notre beau Lac Léman.
Ce soir-là, Chantal avait bien fait les choses: la petite salle de réunion de PlongePlo était toute remplie d’oreilles attentives et M. Marc Bernard, Limnologue, venu tout spécialement du Valais, se réjouissait de nous faire un bilan de santé exhaustif de notre beau Lac Léman.
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Présentation de Marc Bernard: [http://www.plongeplo.ch/documents/sante_leman_marc_bernard_2007.pdf]

Version actuelle datée du 20 juillet 2021 à 16:29

Club de Plongée de Plan-les-Ouates

Auteur du Résumé: Anthea Gutknecht


TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LA SANTE DU LAC LEMAN SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER…

Le mercredi 5 décembre 2007 au local de PlongePlo à Plan-les-Ouates

Intervenant : M. Marc Bernard (Service de Protection de l’Environnement - Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman)

Présentation de Marc Bernard: Fichier PDF

Organisatrice : Chantal Wiaux-Zamar

Ce soir-là, Chantal avait bien fait les choses: la petite salle de réunion de PlongePlo était toute remplie d’oreilles attentives et M. Marc Bernard, Limnologue, venu tout spécialement du Valais, se réjouissait de nous faire un bilan de santé exhaustif de notre beau Lac Léman.

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Pour commencer, qu’est-ce que ‘Limnologie’ me direz-vous ? Ce terme englobe l’étude scientifique du lac et des eaux lacustres ; en d’autres termes, comme aimait le dire le Professeur Forel, la Limnologie c’est l’océanographie des lacs. Ceci étant, voici quelques chiffres pour briser la glace et se mettre en appétit : saviez-vous que le Lac Baïkal est 250 fois plus grand que notre lac et frise les 1’620 m. de profondeur? On se sent tout d’un coup bien petits ! En Suisse, c’est le Lac Majeur (372 m) qui remporte la palme du plus profond, devant le Léman (309 m).

Notre histoire de ce soir débute par les origines diverses et variées des lacs en général : il y en a de la fracture de la croute terrestre, de plissement du massif alpin et jurassien, de volcans, de glissement de terrain, de gravières ou de barrages, de fleuves ou de glaciers… Le Léman se targue de figurer dans cette dernière catégorie.

Viennent ensuite la stratification et la densité des eaux lacustres: chaque lac est découpé en trois zones, définies par la température : l’épilimnion, le thermocline et l’hypolimnion. Ces couches sont sujettes à un brassage saisonnier, jusqu’à une profondeur moyenne de 150 m. Les ingrédients nécessaires à un bon brassage sont un hiver froid avec peu de stratus. Ceci entraîne bien sûr une bonne oxygénation des eaux de profondeur.

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Pour tout vous dire, le brassage du Lac Léman se déroule une seule fois par année et le dernier bon et grand ‘remue-ménage’ eut lieu l’hiver 2004-05, année de grands froids et cieux d’azur.



Nous avons tous été étonnés d’apprendre que le Lac subit des marées, nommées sèches; ces oscillations sont créées par les changements de pression atmosphérique ou la puissance du vent. Toutes les variations du niveau des eaux sont très strictement régulées depuis 1884 et fluctuent entre 371.6 m et 372.3 m, avec un niveau minimum fixé à 371.45 m tous les quatre ans, pour faciliter et encourager le nettoyage des berges sur tout le pourtour du lac ainsi que du Rhône, en aval, jusqu’au barrage de Verbois.

Remis de notre surprise, il fut question de flux solaire, englobant absorption, réflexion et réfraction ; vous saurez que l’intensité lumineuse décroît de 50% par mètre de profondeur.

Les belles robes de notre Lac, allant du bleu profond au bleu vert en passant par le gris sont dues en bonne partie par la charge en phytoplancton des eaux, suivie par celle du zooplancton qui s’en nourrit.

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Nous nous sommes ensuite penchés sur les caractéristiques des eaux douces. Pour être cataloguée comme telle, l’eau douce doit contenir moins de 0,5 g par litre de sel (eau de mer : 35 g de sel par litre), outre le CO2 et l’O2. Pour l’oxygène, vous pouvez tabler sur 14,5 mg/l à 0°C ; cette ‘solubilité’ varie selon la température et la pression atmosphérique ; on parle alors de la stratification de l’O2.


Toutes ces données nous ont permis d’aborder l’eutrophisation qui n’est autre qu’une sorte « d’obésité » de l’eau : une eau trop nourrie en phosphore favorise la croissance d’algues, qui se gavent à leur tour de l’oxygène dissout dans l’eau, entraînant l’asphyxie de l’ensemble. En dessous de 4 mg d’oxygène par litre, la vie est compromise ; il est donc vital de limiter au strict minimum l’apport en phosphates dans les lacs et cours d’eaux.

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Alors, comment donc améliorer la qualité des eaux ?

Les agents pollueurs sont, comme vous pouvez l’imaginer, multiples : déchets domestiques, émissions agricoles, rejets industriels … Fort heureusement, les stations d’épuration sont maintenant en mesure de traiter 97% des eaux usées. Les rendements ont été améliorés, mais il reste à canaliser des fuites en amont, sur le réseau. En ce qui concerne les phosphates, c’est à la source que la lutte est la plus efficace. A l’instar des poudres à lessives, il existe maintenant, sur le marché, des détergents pour lave-vaisselle sans phosphates.

Le domaine agricole, malheureusement, fournit encore un trop grand volume d’agents phytosanitaires, très riches en phosphates, qui finissent par s’écouler dans les eaux. En ce qui concerne l’industrie, de très gros efforts ont été consentis depuis les années 1970 ; les rejets contenant des métaux lourds, dont le mercure, ont été réduits à la portion congrue.

Le nouvel enjeu des stations de traitement des eaux se trouve être l’épuration des micropolluants dont les molécules, indigestes pour les bactéries des STEP, passent à travers les mailles du filet pour se retrouver à nouveau dans les eaux. C’est le cas pour tout ce qui est pesticides, médicaments, mercure, PCB (Polychlorobiphényls)…..

Le prochain chapitre abordé en cours de soirée fut, cela coule de source, l’écologie du lac. Pour bien comprendre le sujet, nous avons passé en revue la chaîne alimentaire ou réseau trophique du milieu, comprenant phytoplancton, zooplancton, poissons, herbes, engrais et décomposeurs, pour ensuite aborder la survie de ladite chaîne où interviennent température, habitat ou biotope, oxygène et lumière. En ce qui concerne la lumière, notre lac est pourvu d’une ‘zonation spatiale’ où lumière et photosynthèse jouent des rôles prépondérants.

Autre facteur d’importance pour la vie d’un plan d’eau : les herbiers. Ils constituent un refuge pour de nombreux organismes comme les hydres, larves, escargots, crevettes et œufs de perches ; les brochets aiment bien s’y blottir aussi !

Et voilà le décor planté pour des habitants heureux : tanches et brochets, mais aussi perches, gardons, truites, féras (corégones) et ombles. A contrario des premiers, ces dernières qui se délectent d’eaux peu nourries donc plus pures et ont maintenant tendance à prospérer.

Pour surveiller toute cette petite et grande flore et faune nous pouvons compter sur la CIPEL ou Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman. Cet organisme examine attentivement la qualité des eaux pour la boisson et la baignade, il en tient le public informé et adresse recommandations pertinentes et rapports circonstanciés aux gouvernements concernés.

Pour mieux remplir sa mission, la CIPEL dispose d’un Plan d’Action 2001-2010, tiré du Tableau de bord technique, que vous pouvez sans autre consulter sur www.cipel.org. Parmi la petite dizaine d’objectifs qu’elle s’est fixés pour 2010 figurent : garantir l’utilisation de l’eau du lac comme eau de boisson après traitement simple et assurer une qualité microbiologique des eaux permettant la pratique de loisirs aquatiques dans de bonnes conditions ; retrouver un peuplement piscicole proche de l’état naturel ; réduire la teneur en phosphore et en micropolluants des eaux en s’attaquant à la pollution à la source ; surveiller le brassage des eaux profondes pour en améliorer l’oxygénation ; étudier les invertébrés des profondeurs, indicateurs de l'état biologique des sédiments ; veiller à la qualité des eaux d’égouts, viser le raccordement à 100% de ces eaux d’égouts aux STEP et optimiser le fonctionnement des stations épuration ; et, finalement, assurer la renaturation des rives et des cours d’eau.

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Pour tout résumer, voici quelques conseils précieux à ne pas oublier lors de vos explorations sous lacustres : respectez les herbiers, ne remuez pas les cailloux, prenez bien soin des algues, méduses d’eau douce, moules zébrées, éponges et autres créatures que vous trouverez sur vos chemins de palmage sous la surface des eaux, évitez de déplacer ou d’introduire de nouvelles espèces dans le Léman et autres plans d’eau, en lavant soigneusement votre équipement avant de vous immerger ailleurs que dans votre habitat coutumier.

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Et si tout ceci vous laisse sur votre faim, tapez "www.cipel.org" [[1]] Vous serez servis !

Anthea Gutknecht Genève, le 11 décembre 2007


Cette soirée très instructive s'est terminée autour d'un buffet bien sympathique!


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